Zoom sur les acquisitions 2022 des Musées de Granville

Les collections du Musée d’art moderne Richard Anacréon, du Musée d’art et d’histoire et du Musée Christian Dior se sont enrichies de nouvelles oeuvres en 2022. Avant de rejoindre le Centre de Conservation des Musées de Granville, ces dernières ont d’abord fait l’objet d’une validation préalable par la commission scientifique d’acquisition des Musées de France. 

Au Musée d’art moderne Richard Anacréon

Les échanges féconds entre artistes et écrivains sont, à nouveau cette année, largement à l’honneur dans les acquisitions du MamRA. « Au temps de Paris », ouvrage de Léon-Paul Fargue, publié à titre posthume en 1964, est illustré par des artistes représentés dans les collections tels Léonard Foujita ou Kees Van Dongen… L’auteur, grand noctambule et marcheur infatigable, arpente les quartiers de la capitale qui deviennent autant de sources d’inspiration.

Colette, écrivaine phare des collections, est représentée par l’acquisition d’un livre hommage de l’écrivain Francis Carco publié deux ans après sa mort, « Colette, « Mon Ami » ». Leur amitié est née dans les couloirs du journal L’Eclair en 1917 et durera jusqu’à la mort de cette dernière. Colette appréciait ce « mauvais garçon au grand cœur », qu’elle surnommait « M’sieur Francis » et avec qui elle allait s’encanailler dans les quartiers populaires de Paris. Elle fut témoin de son premier mariage et l’accueillit régulièrement en villégiature dans ses maisons de Rozven en Bretagne et de La Treille Muscate en Provence.

Deux nouvelles œuvres de Marcel Gromaire rejoignent les cimaises du MamRA : Nu accoudé et Salle à Manger Bourgeoise, deux eaux-fortes de 1924 au style géométrisant très caractéristique de l’artiste. Ces deux estampes ont été offertes au musée par un généreux donateur très attaché à Granville et à ses musées.

FRIESZ © Reproduction du Musée d’art moderne Richard Anacréon

Estampe de l’artiste Emilie Othon Friesz. © Reproduction du Musée d’art moderne Richard Anacréon

Un ensemble de documents (photographies et correspondances) attestant de l’amitié de Léonard Foujita, artiste déjà représenté dans les collections, et Léon Julliot de La Morandière, frère de l’historien granvillais Charles de La Morandière, conservateur du musée de Granville de 1946 à 1971, a rejoint les collections. Ils ont été acquis lors d’une vente de la société de ventes volontaires de Saint-Pair sur Mer.

Un ensemble de onze estampes est désormais inscrit à l’inventaire des collections, après avoir fait partie du catalogue de l’artothèque du musée dans les années 90. Elles sont l’œuvre des artistes Jean Arp, Maurice Denis, André Derain, André Dunoyer de Segonzac, Emilie Othon Friesz, Hermine David, Jean Hugo, Constant Idoux, Henri Matisse et Kees Van Dongen. Réalisées par la technique de l’eau-forte, de la lithographie, de la sérigraphie ou du burin, ces estampes figurent des scènes religieuses ou de la vie quotidienne, des vues urbaines et des représentations d’intérieurs.

Au Musée d’art et d’histoire

Le premier bien à avoir intégré les collections est une huile sur toile, arrivée par don, représentant des communiantes dans un environnement granitique et escarpé qui évoque le Roc. Raoul Fougeray du Coudrey, né à Granville en 1865, élève de William Bouguereau, y glisse la chapelle Notre-Dame de Chausey et la statue de la Vierge du Cap Lihou, aujourd’hui conservée en l’église Notre-Dame du Cap Lihou. La toile a été présentée par l’artiste au Salon des Artistes français de 1894 sous le titre de Notre-Dame des Grèves. Il s’agit du seul tableau présenté officiellement par cet artiste, par ailleurs auteur d’études sur l’histoire de Granville.

Les collections textiles se sont également enrichies de deux pièces :

Un ensemble de communiante de 1933, en taffetas, mousseline de soie, toile de coton, ruban de satin et orné de boutons de nacre… Particulièrement complet, l’ensemble est composé de la robe, la sous-robe, l’aumônière, le ruban de tête, le voile, la couronne de fleurs, une aumônière de poignet, et une photographie de la communiante, âgée de 11 ans, en tenue. Cet ensemble s’inscrit dans l’histoire du vêtement lié au culte catholique entre le 19ème et le 20ème siècle.

Une robe de chambre en viscose et coton, datée de la fin des années 40 ou du début des années 50, témoigne du goût en matière de vêtement d’intérieur. Apparu au 17ème siècle, la robe de chambre est d’abord réservée aux classes aisées car il est un luxe de posséder une tenue dont l’usage est uniquement domestique. Initialement vêtement d’homme, la robe de chambre devient mixte au début du 20ème siècle, et s’installe ensuite comme un indispensable des femmes au foyer. Elle complète le fonds de vêtements de dessous et de vêtements d’intérieur du musée d’art et d’histoire.

Zoom sur les acquisitions 2022 des Musées de Granville

La bourse de la communiante de 1933. © Benoit Croisy Coll. Ville de Granville

Au Musée Christian Dior

En fin d’année 2021, deux modèles ont rejoint le musée : une robe-manteau en sergé de laine noir, de la seconde collection de la Maison Dior (automne-hiver 1947) ; et une robe bustier en ottoman de soie noir, adaptation du modèle Haute Couture « Sonnet » (collection Haute Couture automne-hiver 1952, ligne Profilée) pour le marché londonien.

Il est aussi connu qu’il est rare : un exemplaire du livre « La Cuisine Cousu Main » a rejoint les collections en début d’année. Publié en 1972, l’ouvrage est un recueil de recettes servies à la table de Christian Dior et créées, pour la plupart à sa demande, par son chef Raymond Thuillier. Né de la volonté de Jacques Rouët (alors Président de la Maison Dior), il présente une couverture en aluminium « comme les ustensiles dont se servaient Christian. Ainsi, on pourra nettoyer la couverture aussi facilement qu’une casserole » dira Jacques Rouët à la journaliste de France Soir, Carmen Tessier, dans un article du 22 novembre 1972.

Zoom sur les acquisitions 2022 des Musées de Granville

Le chapeau “Miss Dior” donné au Musée Christian Dior. © Benoit Croisy – Coll. Ville de Granville

A l’occasion de l’exposition « Chapeaux Dior ! » présentée en 2022, Stephen Jones, directeur artistique des chapeaux Dior, a dessiné et réalisé plusieurs pièces d’après les croquis de Christian Dior, ou en lien avec l’histoire de la famille. Après avoir été exposés, les deux chapeaux et le croquis préparatoire ont été donnés au musée : le chapeau « Miss Dior », un bibi noir moderne et intemporel à la fois, reflet de l’histoire familiale et professionnelle de Christian Dior ; et la capeline « Madeleine Dior », accompagné de son dessin, directement inspiré des photographies de la mère de Christian.

Enfin, les modèles adaptés à une clientèle internationale sont toujours à l’honneur, avec l’acquisition d’une robe en taffetas de soie vert, créée pour la clientèle italienne à partir du modèle « Delphine » (collection Haute Couture automne-hiver 1956-1957). Dès la naissance de la maison de couture, Christian Dior a en effet souhaité exporter ses modèles et ainsi faire rayonner la mode française sur tous les continents. Les modèles sont adaptés aux attentes des clientes : ici, les manches et la jupe ont été allongés, la couleur du tissu est également modifiée, passant d’un gris anthracite à un vert émeraude.

Ces nouvelles acquisitions sont amenées à rejoindre le Centre de Conservation des Musées de Granville dans l’attente de leur présentation au public.

2023-01-18T10:03:14+01:00